Contexte, objectifs et réalisations
8 septembre 2006
I – CONTEXTE ET OBJECTIFS
Les droits des femmes et des enfants sont enchâssés dans la législation cambodgienne. Pourtant, il arrive trop souvent que ces droits soient bafoués, notamment en cas de violence conjugale ou familiale, d’abus ou de trafic sexuel. La formation insuffisante des représentants du système judiciaire, qui d’une part ont peu de comptes à rendre et d’autre part sont peu familiers avec les aspects qui touchent la violence sexuelle, ainsi que la corruption généralisée de l’appareil judiciaire et du corps policier expliquent en partie cet état de fait. De plus, certaines croyances traditionnelles de la société cambodgienne contribuent aussi à cette situation car on pense généralement que le mari a tous les droits sur son épouse et que les victimes de viol sont responsables de leur sort. Divers facteurs rendent ensuite ces dernières beaucoup plus vulnérables à l’exploitation sexuelle. Malheureusement, par ignorance de leurs droits, par honte de ce qui leur est arrivé ou encore par peur des représailles, les femmes et les familles hésitent à porter plainte et à demander réparation.
But du projet : améliorer la situation des droits des femmes et des filles au Cambodge en accroissant la protection disponible (prévention, réparation et appui) en matière de violence familiale ou conjugale, d’abus et de trafic sexuel (VAT).
Objectifs
Deux types d’objectifs ont été planifiés et réalisés :
1) Activités de développement du Projet (au Cambodge)
– Accroître la protection dont disposent les femmes de 24 villages du Cambodge (Provinces de Kandal, Kompot et Kompong Thom) en matière de violence conjugale, d’abus et de trafic sexuel.
– Accroître l’impact des activités de sensibilisation et de plaidoyer de la LICADHO, tant au niveau des populations que des autorités.
– Accroître les capacités de la LICADHO en matière de protection et d’appui aux victimes et victimes potentielles de violence, d’abus ou de trafic sexuel.
2) Engagement du public et partage des connaissances (au Canada)
– Sensibiliser et mobiliser la communauté desservie par l’UQAM en matière de protection des droits des Cambodgiennes (prévention, réparation et appui) afin qu’elle participe activement à des actions visant à protéger ces droits d’une part et, d’autre part, qu’elle contribue à son tour à sensibiliser la population canadienne à cet égard.
– Tirer parti des leçons apprises et accroître les connaissances afin de développer des approches, pratiques et outils qui contribueront à mieux protéger les femmes et les filles des pays en déve-loppement en matière de violence, d’abus ou de trafic sexuel.
II – ACTIVITÉS RÉALISÉES ET RÉSULTATS ATTEINTS
Pour faciliter l’atteinte des résultats visés, les activités du projet ont été regroupées en six volets :
100 – Protection en matière de violence, d’abus ou de trafic sexuel dans les communautés (Projet pilote)
200 – Protection en matière de violence, d’abus ou de trafic sexuel – sensibilisation à l’échelle na-tionale
300 – Renforcement institutionnel de la LICADHO
400 – Stages
500 – Engagement du public et partage des connaissances
600 – Gestion du projet
Volet 100 – Projet pilote dans les communautés
Le Projet pilote dans les communautés visait à accroître la protection des droits des femmes et des filles en matière de violence familiale ou conjugale et d’abus sexuel en sensibilisant les communautés de 24 villages répartis dans trois provinces, en créant des groupes de femmes capables d’intervenir à ce niveau (points focaux) (Nous avons utilisé « points focaux » pour traduire « focal points », terme utilisé par la LICADHO pour nommer les femmes qui ont été formées par le Projet pour intervenir dans leurs communautés.) et en formant les représentants des autorités locales. La LICADHO était seule responsable de la mise en œuvre et de l’évaluation du Projet pilote. Elle a ainsi formé 111 femmes et les a ensuite aidées à réaliser plusieurs activités de sensibilisation dans leur communauté, qui ont rejoint plus de 6 000 personnes. La LICADHO a aussi formé 70 représentants des autorités locales de ces mêmes communautés – chefs de village, chefs de commune, policiers de commune ou de district – pour qu’ils connaissent les lois qui protègent les femmes et les enfants et qu’ils sachent comment réagir ou agir Lorsqu’ils sont approchés par des victimes ou par leurs proches. Dans les communautés visées par le projet, la LICADHO a noté qu’il y a maintenant plus d’interventions et que celles-ci sont mieux coordonnées et plus efficaces. Les victimes de violence n’y sont plus blâmées pour ce qui leur est arrivé et elles reçoivent un meilleur appui, tant au niveau juridique que personnel. Toutefois, les forums communautaires organisés à Kompot et à Kompong Thom en avril 2008 montrent qu’il existe encore beaucoup d’idées fausses dans ces communautés en ce qui concerne la violence faite aux femmes et qu’il reste donc beaucoup à faire.
Le changement très marqué d’attitude chez les 111 femmes qui ont participé au Projet pilote est un des résultats importants du volet 100, notamment par l’effet d’entraînement qu’elles ont dans leur communauté. Les commentaires recueillis dans les trois provinces montrent qu’elles acquis une plus grande confiance dans leur capacité à intervenir dans les cas de violence familiale. Plusieurs ont précisé qu’elles se sentaient plus braves et fières d’elles-mêmes. Elles sont nombreuses à considérer qu’elles ont une responsabilité importante à assumer dans les cas de violence qui sévissent autour d’elles. Elles savent aussi que rien n’excuse cette violence, que les femmes ont des droits et qu’en se regroupant elles arriveront à les faire respecter. Certaines ont aussi réalisé que la violence qu’elles faisaient subir à leurs enfants était tout aussi inexcusable et devait cesser.
On trouvera plus de détails sur le Projet pilote en consultant le site WEB de la LICADHO :
Activités réalisées en 2008 à Kompot et Kompong Thom (p. 20 à 22 du rapport) :
http://www.licadho-cambodia.org/reports/files/125LICADHO6MonthActivityReportJanJune2008Eng.pdf
Activités réalisées en 2007 dans les trois provinces (p. 19-20)
http://www.licadho-cambodia.org/reports/files/117LICADHOAnnualActivityReport07.pdf
Rapport d’évaluation de la première phase du Projet pilote à Kandal (2005 – 2007) :
http://www.licadho-cambodia.org/reports/files/110LICADHOWROPilotProject2007.pdf
Volet 200 – Protection en matière de VAT – Sensibilisation à l’échelle nationale
Les principales activités réalisées par la LICADHO dans le cadre du volet 200 ont inclus :
– Des activités de sensibilisation et de plaidoyer lors des campagnes annuelles organisées par le Cambodian Committee for Women (CAMBOW) – 16 Days of Activism against Gender-Based Violence (25 novembre – 10 décembre) : diffusion de communiqués de presse, publication et dif-fusion de rapports, production et diffusion de capsules radiophoniques et télévisées.
– Des activités de sensibilisation à l’occasion de la Journée de la Femme (8 mars) : communiqués de presse, publication et diffusion de rapports, distribution de nourriture, savons, brosses à dents, etc. aux femmes des prisons de Phnom Penh et de plusieurs provinces.
– Une série d’émissions radiophoniques sur la violence faite aux femmes.
La LICADHO considère que cette dernière activité a été particulièrement efficace eu égard au grand nombre d’appels reçus pendant la portion ligne ouverte des émissions. Elle estime aussi que la population cambodgienne est de plus en plus sensible au problème de la violence familiale comme le démontre le nombre élevé de participants aux activités organisées à l’occasion des campagnes de 16 jours et de la Journée du 8 mars, l’accroissement du nombre de cas de violence familiale rapportés aux ONG, l’accroissement du nombre de cas rapportés par les médias, le nombre accru de discussions sur la violence familiale dans des forums dont le nombre s’accroît aussi, etc.
Volet 300 – Renforcement institutionnel de la LICADHO
Trois activités de formation offertes au personnel de la LICADHO ont rejoint 75 personnes, qui ont reçu en moyenne 4,2 jours de formation.
Volet 400 – Stages
En mettant le Projet en œuvre, la Faculté de science politique et de droit avait pour priorité d’offrir à ses étudiants une expérience pratique qui renforcerait leur formation tout en contribuant significativement aux activités de la LICADHO et d’autres ONG cambodgiennes partenaires de cette dernière. Les 15 stages prévus initialement ont été réalisés, dont 13 à la LICADHO et 2 à l’ONG ADHOC. Les tâches réalisées à la LICADHO ont été variées mais plusieurs stagiaires ont consacré une part importante de leur temps à la recherche et à la préparation de rapports produits par la LICADHO. On peut citer notamment les rapports suivants, disponibles sur le site de la LICADHO :
Violence against Women: How Cambodian Laws Discriminate Against Women (novembre 2007)
http://www.licadho-cambodia.org/reports/files/112CAMBOWViolenceWomenReport2007_ENG.pdf
Human Rights in Cambodia: The Charade of Justice Report 2007 (décembre 2007)
http://www.licadho-cambodia.org/reports/files/113LICADHOReportCharadeJustice07.pdf
Prison Conditions in Cambodia 2007: The Story of a Mother and Child (mars 2008)
http://www.licadho-cambodia.org/reports/files/116LICADHOReportPrisonMotherChild07.pdf
Volet 500 – Engagement du public et partage des connaissances
Plusieurs activités ont été organisées afin de sensibiliser la communauté desservie par l’UQAM à la situation des droits des Cambodgiennes et, plus largement, à la situation des droits de la personne au Cambodge : présentations des stagiaires à leur retour organisées par la Faculté de science politique et de droit et par l’École de travail social, conférences de l’IEIM lors des séjours à Montréal du personnel de la LICADHO, et grande conférence de deux jours organisée par l’IEIM, la Faculté de science politique et de droit, l’École de travail social et le Service aux collectivités en mars 2008 :
Prévenir la violence envers les femmes et les filles : une expérience cambodgienne
https://cerias.uqam.ca/IMG/pdf/Programme_Seminaire_Cambodge.pdf
Il semblerait aussi que les activités organisées à Montréal et annoncées par l’IEIM aient suscité beaucoup d’intérêt pour la LICADHO chez les Canadiens. Ainsi, le nombre de Canadiens qui ont visité le site de la LICADHO a augmenté de 42 % de 2006 à 2007. À la fin du projet, les Canadiens étaient au quatrième rang des pays pour le nombre de visites sur le site de la LICADHO, après les Américains, les Australiens et les Cambodgiens.
Quant aux connaissances partagées dans le cadre du projet, elles sont en grande partie liées aux études de cas rédigées par les stagiaires une fois leur stage terminé. On trouvera ces études, ainsi qu’une brève description du contenu de chacune, à la section [Partage des connaissances]
https://cerias.uqam.ca/spip.php?article2889