Deuxième événement de la série de conférences « La Diaspora sud-asiatique : politique, genre et rituels »
Jeudi le 17 mars 2022, 12h30-14h, en ligne
Série de conférences « La Diaspora sud-asiatique : politique, genre et rituels »
Centre d’études et de recherches sur l’Inde, l’Asie du Sud et sa diaspora (CERIAS)
Pour voir la programmation complète : https://conferences-cerias.uqam.ca/
Deuxième conférence de la série :
Les dimensions ethniques et territoriales dans l’étude des populations indienne et hindoue au Québec
Le thème de l’immigration sud-asiatique peut conduire à des idées reçues ou à des simplifications si l’on ignore les dimensions ethnolinguistique et territoriale de la population à l’étude. Une telle prise en compte peut s’élaborer à l’aide des variables des recensements canadiens. Parlant territoires, si l’on veut mieux connaître une population sud-asiatique (hindoue, sikhe, indienne, sri-lankaise, etc.) établie au Québec il importe d’y circonscrire l’univers d’observation statistique car les études à l’échelle canadienne créent un effet de moyenne qui ne permettent pas de dégager les traits particuliers d’une population sise au Québec avec la juste chronologie des mutations. C’est que le choix du territoire modifie les données sociales par la reconnaissance de la diversité et du poids relatif des groupes ethniques locaux.
Nous proposons d’explorer trois thèmes par l’examen de diverses figures. Le premier est de prendre acte que la répartition des appartenances religieuses présente de fortes différences selon que l’on utilise les variables « origine ethnique » ou « lieu de naissance » et que, dans les cas des populations indienne ou sri-lankaise, la diversité religieuse locale s’est distanciée de celle des pays d’origine. Le deuxième compare le profil ethnoreligieux des populations sud-asiatiques du Québec, de l’Ontario et de la Colombie britannique. On constatera que la morphologie des populations hindoues (toutes ethnies confondues) ou indiennes (toutes religions confondues) ainsi que les pays impliqués dans les migrasporas (diasporas) divergent sensiblement. Ethnicité, pays d’émigration et provinces impliquent encore la notion de territoire. Le troisième pose un regard rapide sur la répartition géographique de la population hindoue à Montréal, ce qui est ultimement une façon d’inverser la lorgnette territoriale.
Conférencier:
Frédéric Castel, Département de sciences des religions de l’UQAM
Activisme et création artistique dans la diaspora sud-asiatique au Canada
La création artistique constitue un moyen privilégié d’expression et de production identitaire. Le théâtre, en particulier, offre une expérience artistique immersive et interactive qui, en diaspora, revêt une dimension nouvelle, du fait de ses sources d’inspiration multiples, à la fois dans le pays d’origine, et dans la société d’installation. Le théâtre diasporique constitue ainsi un pont culturel qui facilite le dialogue.
Au Canada, le théâtre sud-asiatique est apparu dans les années 1980. S’il visait à consolider la communauté dans un premier temps, il s’est rapidement consacré à la quête de justice sociale pour les membres de la diaspora, puis plus largement, pour les groupes vulnérables et marginalisés. Aujourd’hui, le théâtre sud-asiatique a pour particularité d’entremêler les thèmes de lutte des classes et de relations ethniques ou genrées, mis en scène dans différentes localités, afin d’aborder des problèmes sociaux ou environnementaux globaux. En mettant en cause le statut quo (patriarchie, hétéronomie, colonialisme, capitalisme, racisme), il a pour effet de susciter une conscience politique et un sens critique, et de transcender les frontières et les appartenances pour produire un théâtre original, multiculturel, anticolonial, voire anticapitaliste.
L’objet de cette présentation est d’analyser le théâtre comme moyen subversif d’expression, de représentation, de création et d’activisme, mobilisé par les personnes d’origine Sud-Asiatique, au Canda, pour interroger à la fois leur communauté et leur pays d’origine et d’installation, mettre en évidence les inégalités, les contradictions et les préjugés, et participer à la formation d’une société plus inclusive.
Conférencière :
Anouck Carsignol, chercheure associée au CERIAS, Montréal.